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 Historique de l'Union d'Études Graphiques de Bruxelles (UÉG)
Le Cercle d'Études Typographiques a été fondé le 13 février 1886, à l'initiative de Heyn, Poisson et Van Overstraeten, anciens élèves de l'École de Typographie, elle-même fondée en 1888. À cette date eut lieu au Coq, rue du Marché au Charbon, la séance constitutive du nouvel organisme  qui se donnait pour but le relèvement et le développement de l'art typographique, par l'organisation de conférences, la visite de différents ateliers et fonderies, la participation aux concours typographiques et la création d'une bibliothèque technique. Étaient présents au baptême, outre les trois personnes précitées, De Geyter, Detournay, Fourmarier, Grégoir, Lefèvre, Profiter, Raiff et Rackal. La cotisation mensuelle était de 25 centimes (cher à l'époque !). En 1900, le droit d'entrée au Cercle était fixé à 3 francs. Pour la petite histoire, il fallait être adhérent à l'association typographique de Bruxelles (le syndicat ouvrier) et être présenté par deux membres pour être admis à titre de membre effectif. Leur nombre était alors de septante-cinq.

En 1901, les Leempoel, membres honoraires puisque patrons, mais eux-mêmes anciens ouvriers, proposent d'assumer les charges d'une revue mensuelle, publiée sous les auspices et le contrôle du Cercle. Ce sera les Annales de l'Imprimerie qui paraîtront de décembre 1902 jusqu'en 1913 et auxquelles collaboreront les grands noms de la typographie de l'époque, qu'elle soit belge, française, suisse ou même italienne. En 1902 eut lieu, sous la présidence de Grégoir, le premier concours international (après deux concours nationaux) réunissant 57 concurrents, dont 40 belges, 16 français et un suisse. Et en 1905, il y eut 341 concurrents (112 belges, 113 français, 102 allemands, 5 suisses, 2 hollandais, 3 italiens et 1 norvégien) avec quelques milliers de visiteurs à Bruxelles. L'exposition des modèles primés devint itinéraire, non seulement en Belgique mais aussi en France et même dans plusieurs villes helvétiques. En 1906, pour ses dix années d'existence, le Cercle, subsidié par l'État et la Ville de Bruxelles, organisa une exposition où environ deux mille œuvres furent exposées. En un mois, du 24 février au 25 mars, trente mille personnes vinrent visiter ce qui était en fait le premier Salon du Livre à Bruxelles. Lors de l'Exposition Internationale de Bruxelles de 1910, le Cercle obtint un diplôme de grand prix pour sa participation. Le concours organisé cette année reçut l'appui de Sa Majesté le Roi Albert, lequel marqua sa bienveillance par l'attribution d'une montre en or à son effigie, à décerner comme prix d'honneur. Celui-ci fut attribué à Thienpont, lauréat dans deux des trois sections du concours. Entre-temps, le 10 décembre 1906, d'autres anciens élèves de l'École de Typographie, diplômés de l'exercice précédent, Werll, Corbeel, Sartiaux, Laurent, Vrancken, De Geyter, Van Anderlecht, De Meulenier et leur professeur Dewit jètent les bases de la fondation de l'Union des Anciens Élèves de l'École de Typographie. Leur but est d'enrichir leurs connaissances par l'étude scientifique et économique de tout ce qui se rattache aux progrès des arts et des techniques graphiques.

Le noyau s'agrandit rapidement, avec l'apport des diplômés des années antérieures qui répondent avec enthousiasme à l'appel lancé par les promoteurs, lesquels jouissent aussi de l'appui de leurs professeurs et du directeur de l'École, J. Dumont. Des conférences sont organisées, des visites faites. Un premier succès vient couronner le travail de l'Union : en 1907, elle obtient un diplôme d'honneur de par sa participation au Salon des Arts et Métiers. Des cours de perfectionnement sont organisés, une section de mutualité est fondée, une bibliothèque technique voit le jour. Dès ce moment, l'Union des Anciens Élèves compte plus de cent membres et environ deux cents réunions ont lieu en l'espace de trois ans. À L'Exposition de Bruxelles de 1910, un Grand-Prix, en participation, est décerné à l'Union pour les travaux qu'elle y expose. En 1911, elle organise une exposition de trichromie et en 1913, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de l'École, une exposition d'initiation et du vulgarisation de la gravure. À cette occasion, un drapeau lui est remis par Dumont. Quelques temps après, une brochure jubilaire sort de presse. Surgit la tourmente de la première guerre mondiale. Dès la fin de celle-ci, les deux associations reprennent leurs activités. Une saine émulation existe entre elles. Les Anciens Élèves créent un cours de monotype en plus de ceux existant déjà, à savoir la composition et l'impression qui nécessitent la présence de cinq professeurs rétribués principalement grâce aux subsides accordés par la Province de Brabant. Le Cercle, quant à lui, avait débuté en 1902 par la création d'un cours de linotype, suivi bientôt par un cours de dessein et de coloris, puis par un cours de composition moderne. En 1921, huit professeurs rétribués principalement par la ville de Bruxelles donnent, à côté des cours précités, des leçons d'impression, de grammaire française et de monotype. En 1922, les Anciens Élèves éditent un bulletin périodique et la même année, les deux groupements participent séparément à l'exposition organisée par le Musée du Livre. C'est cette année-là aussi que la postscolaire crée une section "Labore et Constantia" chargée de la mise sur pied de parties récréatives, de représentations dramatiques ainsi que d'excursions (l'une d'elles, à Maurague, réunit quatre-vingt-huit participants).

Tasnier succéde à Grégoir à la tête du Cercle d'Études mais il y en eut peut-être d'autres. Smal fut président après la seconde guerre mondiale et pendant une vingtaine d'années. En 1946, sous sa direction, une très belle plaquette fut publiée. En 1948, le Cercle était excellemment représenté à l'Exposition du LXe Anniversaire de l'École de Typographie. Dans les années qui suivirent, les activités ne se ralentirent pas. Au rythme d'une vingtaine par an, se succédèrent causeries, visites, débats, questions et réponses. L'activité de l'Union des Anciens Élèves reprend forme en 1933 par l'entrée au comité d'éléments de la trente-neuvième promotion, toujours sous la direction de Dewit. À partir de 1935, chaque année une fête est organisée qui connaît un succès toujours croissant. En 1937, à l'occasion de l'Exposition Internationale de Paris, un voyage d'études est organisé; il en est de même en 1939 à l'Exposition de Liège, tandis qu'en 1938, l'Union avait participé à l'Exposition organisée par l'École à l'occasion de son cinquantième anniversaire.

Après la seconde guerre, grâce à un fichier conservé jalousement par le secrétaire de l'époque, Guillaume, l'Union des Anciens Élèves se reconstitue et toutes les activités reprennent, y compris la fête annuelle. En 1952, Dewit démissionne et H. De Smedt est élu président. Il occupe ce poste pendant près de vingt ans. Il prend contact avec le Cercle d'Études pour envisager un éventuel rapprochement. Ces contacts échouent et l'Union des Anciens Élèves repart sur de nouvelles bases. Elle recevra, en novembre 1956, le titre de Société Royale, lequel sera concrétisé le 17 février 1957 par une séance académique qui réunira toutes les autorités locales et provinciales et aussi, notamment, les représentants des syndicats ouvriers et patronaux et de la Fédération des Cercles postscolaires. En cette période d'après-guerre, il faut le souligner, les distractions, interdites pendant cinq années, se multiplient: la radio, la voiture, les voyages, la télévision libèrent au sens propre du terme, une quantité de gens qui se sont sentis ou même ont été réellement cloîtrés pendant cette époque. Ces prémisses de l'émancipation liées à la réduction des heures de travail amènent inéluctablement un  ralentissement des activités des deux associations: une réduction des participants aux réunions et surtout la très grande difficultés, voire l'impossibilité d'organiser des visites techniques, d'abord le dimanche, et plus tard aussi le samedi.

En 1951, le Cercle d'Études Typographiques se constitue en ASBL. Comme les techniques évoluent, il prend en février 1964, le nom de Centre d'Études Graphiques, en abrégé Cegra. Quelques années plus tard Smal prend une retraite bien méritée et est proclamé Président d'Honneur le 9 février 1969. De leur côté, les Anciens Élèves de l'École de Typographie, réunis le 9 avril 1967, décident aussi de changer de dénomination. Ils s'intitulent désormais Union des Anciens Élèves de l'Institut des Industries Graphique, suite à la fusion des écoles de typographie, de lithographie et de reliure au sein de l'Institut des Arts et Métiers de la ville de Bruxelles. En 1971, De Smedt, directeur à l'Institut des Industries Graphiques, décide d'abandonner la présidence de l'Union, car il a, déjà à cette époque, des ennuis de santé importants. C'est Wynant, secrétaire depuis 1954, qui, après vote, est élu à ce poste, tandis que Maes devient secrétaire, De Smedt est proclamé Président d'Honneur. En 1973, Dejace membre du comité du Cercle d'Études, puis du Cerga depuis pas mal d'années, décide de reprendre le flambeau et devient président de ce que l'on nomme toujours Le Cercle. En 1975, certains membres des deux groupements ont des contacts qui s'avèreront fructueux. Dès septembre 1976 des activités communes sont organisées: visites d'imprimeries, de papeteries, de photogravures, d'importateurs de matériel, de fabricants d'encre et déjà la photocomposition et le "pré-press".

N'oublions pas les conférences ou causeries au cours desquelles une quinzaine de personnalités du monde graphique ont accepté de faire partager leur savoir, et aussi la visite d'expositions, de musées, d'usines, l'organisation d'activités dites récréatives, lesquelles remplissaient chaque fois un car complet. Un alinéa pour signaler le voyage à Kalinine et à Moscou pour y voir l'imprimerie de La Pravda et que les soixante-quatre participants n'oublieront jamais. Le 20 février 1977, à l'hôtel Métropole, lors de l'assemblée générale extraordinaire réunissant les membres des deux associations, la fusion est enfin réalisée, à l'unanimité moins une voix. Existera désormais l'Union d'Études Graphiques de Bruxelles. Smal et De Smedt tiennent les fonts baptismaux. Wynant est nommé président et Dejace, secrétaire général. Toutes les bonnes volontés sont enfin réunies et l'Union part du bon pied grâce au bénévolat de tous. Le nombre d'activités n'augmente pas mais bien le nombre des participants. Un concours graphique est organisé en mars 1979 et réunit une cinquantaine de projets. Les visites techniques ou d'imprimeries, ainsi que les causeries continuent. Les activités récréatives et visites de musées s'amplifient. Cela contribue à nouer ou à renforcer les liens entre les membres. Les excursions annuelles qui rassemblent les membres et leurs familles ont un succès croissant. Et n'oublions pas le concours de jeu de quilles, avec challenge et coupes qui existait déjà avant 1940 et déchaîne encore chaque année un véritable enthousiasme. En 1983, Wynant, affaibli par un infarctus, est mis sur la touche pendant de longs mois. De Smedt reprend du service pour assurer la continuité, malgré sa santé chancelante. Le comité se serre les coudes et les activités continuent comme précédemment. Elles augmentent même, car l'informatique et l'électronique sont là et il faut y faire face. Les "jeunes" du comité s'y emploient. Ils organisent en mai 1988 un symposium qui réunit 150 personnes, suivi en mars 1989 par un deuxième auquel participent 250 personnes; en septembre de la même année, il y a de nouveau 150 participants. Ils récidivent en novembre et décembre 1990, avec toujours comme sujets l'informatique et l'électronique en pré-presse et photocomposition, avec respectivement 240 et 180 auditeurs. Wynant, étant donné sa santé a démissionné de la présidence en février 1990 et a été proclamé Président d'Honneur. Kamps lui succède à la tête d'une équipe rajeunie par de nouveaux passionnés. Désiré Delcourt lui succède


Jacques Hellemans

Mise à jour : 29.03.2023